Rapport de visites
Ça y est, le printemps arrive. Les températures sont encore un peu fraiches le matin et pas très élevées l’après-midi, mais on y est. C’est le printemps. Les hirondelles virevoltent dans le ciel, les merlettes, poules d’eau et autres accenteurs mouchets couvent. L’opération BirdLab est terminée, il est temps de remballer.
Nous avons démonté nos mangeoires le week-end dernier et il est temps de faire un petit bilan. Une grosse dizaine de kilos de graines de tournesol a été engloutie cette hiver. Ce n’est pas exceptionnel (nous connaissons des personnes qui en mettent plusieurs sacs de 20kg) mais cela est du au mode de distribution des dites graines. Le récipient central ne peut accepter qu’une cinquantaine de grammes au maximum, ce qui nous a obligé à le remplir très régulièrement. Mais l’essentiel a été atteint : le nourrissage des oiseaux du jardin.
Une question qui revient régulièrement : Pourquoi ne pas nourrir ces volatiles toute l’année ? Plusieurs raisons nous poussent à le faire.
Les oiseaux du jardin viennent aux mangeoires par opportunité. La plupart d’entre eux sont des insectivores. Ils compensent l’absence de nourriture naturelle par les graines de tournesol mais il est temps maintenant qu’ils retrouvent leur instinct de « prédateurs ». Gare à vous, pucerons, vers blancs ou autres doryphores !
Une autre raison d’arrêter le nourrissage des oiseaux dès le printemps n’est pas évidente pour tout le monde car cela nous oblige à nous poser une question : Pourquoi ? Pourquoi est-ce que nous nourrissons les oiseaux en hiver ? Ben oui, pas mal de possesseurs de mangeoire détournent la fonction première de ces ustensiles : nourrir pour sauver et non nourrir pour notre plaisir. Ceux qui continuent toute l’année ne rendent pas service à la nature, ils ne se contentent que d’assouvir leur désir d’observer les oiseaux. Certes, le spectacle des oiseaux cassant la graine est fort plaisant et le nombre de clichés que nous avons réalisé en atteste. Mais maintenant, au boulot les oiseaux ! Remplissez votre rôle d’insecticide naturel.
Le saviez-vous ? la plupart des oiseaux des jardins sont migrateurs. Seule une petite partie d’entre eux reste toute l’année. Le fait de les nourrir toute l’année les perturbent dans leurs instinct : pourquoi s’en aller puisque j’ai tout sur place ? Oui mais en fait NON. N’oublions pas qu’il s’agit pour la plupart d’insectivores et sans les oiseaux, gare aux insectes nuisibles. Nous les forçons ainsi à se sédentariser et en cas d’hiver rigoureux, c’est l’hécatombe. Nous passons donc de bienfaiteurs à génocidaire de la biodiversité pour le seul plaisir de nos yeux.
Après ce réquisitoire sans appel, faisons une petite synthèse des oiseaux observés sur nos mangeoires. Un sacré panel tout de même, jugez donc !
Bien sûr, les mésanges. Les charbonnières sont les plus nombreuses. Mais il y a aussi les bleues et cette année, notre première mésange huppée. Nous observons également (enfin) des mésanges à longues queues depuis plusieurs jours dans les arbres dans le fond du jardin. Elles ne fréquentent que très rarement les mangeoires car elles sont quasi uniquement insectivores.
Il y a bien sûr également les moineaux, domestiques ou friquet. Nous avons entrevu un moineau soulcie avec le fiston mais la photo est ratée. Peut-être l’an prochain. Quand on écrit « bien sûr les moineaux », il faut savoir que cette espèce que l’on croit très abondante est en fait en perte de vitesse vertigineuse en Europe. 90% des individus ont disparus en Grande Bretagne et près de 40% chez nous.
Très présent également, le pinson des arbres. Souvent en petits groupes d’une dizaine, ils préfèrent rester au pied des mangeoires et picorer les graines tombées au sol. Pas de pinson du nord chez nous, c’est souvent le cordonnier le plus mal chaussé !
Un oiseau souvent décrié (et pourchassé) par les agriculteurs est venu voir ce qu’il se passait aux mangeoires : l’étourneau sansonnet. Il est plutôt de belle taille et a une robe « à paillettes », paré pour faire la fête.
Protégé en Europe, voici venu le rouge-gorge. L’orange-gorge comme dit le fiston. Cet oiseau fréquente très régulièrement les mangeoires et pourtant, il s’agit d’un insectivore. Il n’arrive pas à écosser les graines de tournesol mais il est malin le bougre. Il laisse faire les autres puis leur chipe la graine en imposant son torse coloré.
Le merle noir s’est fait plutôt discret cette année. Il n’est pas venu très souvent venu becqueter. Est-ce la faute à nos hivers peu rigoureux ces trois dernières années ? Il doit certainement trouver plus facilement sa nourriture dans la nature, tant mieux. Pas de grives non plus !
Il est si beau qu’il doit être protégé. Incroyable ! Il y a des tordus qui les capturent pour les revendre. Il y a même des magasins en Belgique qui proposent des spécimens croisés avec d’autres oiseaux colorés. Les oiseaux des jardins, c’est dans les jardins, pas dans des cages. Le chardonneret élégant a de belles couleurs mais a aussi mauvais caractère. Il chasse souvent les autres pour rester seul, les deux pattes dans les graines. Quel bagarreur ce chardonneret !
Alors que le chardonneret voit rouge, lui, il passe au vert. Il s’agit du verdier d’Europe, bien sûr. Plutôt craintif, il ne se laisse pas si facilement approché. Toutefois, sa couleur verte flashy trahie sa présence surtout quand il y a de la neige.
Plus imposant sur la mangeoire, la tourterelle turque. Quand elle est là, il n’y a plus beaucoup de place pour les autres. Pour la petite histoire, nous avons un couple de tourterelles, petit pois et carotte, qui niche tous les ans. Petit pois est facilement reconnaissable car il a une queue blanche atrophiée.
Le dernier en date (article en préparation) est le tarin des aulnes. De loin, nous l’avions pris pour un verdier mais pas d’erreur possible, c’est un tarin. Il est venu avec un petit groupe d’individus, 5 ou 6, puis s’en est reparti.
Jamais dans la mangeoire mais jamais très loin. L’accenteur mouchet observe le balai des morfales dans l’espoir peut-être de quelques miettes. Celui-ci était coincé près du sac contenant les graines de tournesol. Allez ! Oust !
Les rassemblements de volatiles ont attisé la curiosité de certains avec plus ou moins d’appétit ! La crécerelle est souvent passée très près mais c’est Gilbert, et oui, il s’appelle comme ça, qui s’est rapproché le plus des mangeoires.
Vous aussi, profitez de bons moments d’observation. N’oubliez pas de nourrir les oiseaux…………en hiver.